ONZE SEPTEMBRE : LE POSTE DE COMMANDEMENT

LE POSTE DE COMMANDEMENT

(La Mairie)

Le bâtiment de la Mairie (uniquement le sol, les graviers, les pas, les flaques d’eau; peut être un brin herbe s’il y a un brun d’herbe).

C’est une réunion.

Les tables forment un “U”.

C’est un”U” convivial, favorisant le dialogue, le questionnement.
L’Association qui m’emploie et qui me rémunère pose la question du questionnement comme principe de base de son action culturelle et itinérante.

La Directrice de Cabinet s’excuse pour son retard.

Elle est en retard, elle a été retenue dans les étages supérieurs, et elle est désolée de son retard. Des feuilles blanches sont posées devant chaque participant de la réunion. 

Les branches d’un saule pleureur s’agitent devant la fenêtre close.

Des Amours en tenue d’Amour sont peints sur le plafond.

La température de la pièce n’est pas trop élevée.

Le but de la réunion est clair.

Il s’agit de clarifier la situation.

Mon vélo a été volé à la suite d’une action culturelle organisée dans une ville de banlieue.

Nous avions projeté des films en plein air, sur une place de la ville de banlieue.

Pendant la projection des voix s’étaient élevées, quelques voix, cependant, il ne faut rien exagérer, ces voix n’étaient pas majoritaires. Nous étions nous les gens de la Capitale largement majoritaires au sein de cette projection de films en plein air destinée

à animer  un quartier social en pleine difficulté. Ces quelques voix minoritaires avaient protesté contre la projection en plein air.

A la fin de la projection, je suis monté dans la voiture du producteur qui m’emploie en qualité de scénariste Je scénarise mes propres textes et il engagera une réalisatrice professionnelle pour la mise en scène professionnelle de mes textes. J’ai eu tord de chercher à être bien vu par le producteur en acceptant de monter dans sa voiture. 

Je voulais en acceptant de monter dans sa voiture apporter la preuve que je n’étais pas contre les voitures, que j’étais donc disposé à entrer dans un processus de création qui trouverait sa finalité dans l’achat d’une voiture,  et dans un désir de puissance, bref, que j’étais un “poète” dans mes films. Et que mon attaque des voitures dans le film que je venais de projeter dans le quartier en difficulté constituait un acte de création. Et que j’acceptais donc de me situer dans un processus de marchandisation et de reconnaissance médiatique de notre production commune.

Un producteur hésitera à s’engager avec un collaborateur qui refusera la défense du Droit à l’Image et la Loi de l’Audimat (qui doit être prochainement votée dans  les deux termes par nos deux Parlements)

Je ne suis pas un parasite contrairement à mon oncle qui réalise des films pour la télévision et qui m’accuse régulièrement de voler mes indemnités de chômage et de bénéficier indûment de l’annexe 7 de l’Article Trois de la convention des intermittents du spectacle.

Après avoir bu un pot avec le producteur, je suis retourné à pieds sur le lieu de la projection.

Le cadre de mon vélo avait été brisé net.

“Le vol de mon vélo, ai je affirmé dans cette première réunion constitue un acte de résistance. Les loubards se révoltent contre les actions culturelles qui leur sont imposées. Tout espoir n’est donc pas perdu. Les loubards travaillent la nuit, ils ne veulent donc pas être dérangés dans leur revente de hasch par des projections en plein air. Nous les artistes nous n’avons pas à envahir le territoire des populations”.

“Vous croyez?” m’a questionné La Directrice de Cabinet

“Je ne serai pas aussi optimiste que vous” a noté la Présidente Adjointe du Cabinet

La réunion s’est ensuite poursuivie.

C’est donc une réunion qui a pour objet de lever les ambiguïtés. 

Une mouche vole. La carcasse de l’avion supersonique gît sur l’autoroute. Le supersonique a explosé en plein vol, l’avion supersonique n’a pas rempli sa mission, c’est un grave échec.